Nous allons résumer la saga de la route de N'Diago-KeurMacene que nous avons déjà bien détaillée sur le blog documents à l'appui en 4 articles. Cette affaire fera perdre à l'Etat mauritanien de 2 à 4 milliards d'ouguiyas. Cette affaire nous démontre comment les projets, malgré des investissements massifs de l'Etat, n'aboutissent jamais car leurs budgets sont réorientés vers les poches de leurs responsables.
Par rapport aux articles précédents, un nouvel acteur fait irruption dans cette très grave affaire : Ould Jeilani, le Président de la commission de contrôle des marchés publics. En effet ce dernier est un chaînon central de ce braquage de l'Etat et du peuple mauritaniens. Au lieu de jouer son rôle de contrôle et déjouer la manœuvre, il a tout validé sans frémir, ce qui prouve évidemment sa grande implication.
La méthode de détournement utilisée par le quatuor est un procédé des plus vicieux. Evidemment qu'ils sont pénalement condamnables (escroquerie en bande organisée), mais pour cela il faudra que la justice se décide de bouger.
C'est une saga en plusieurs actes avec comme acteurs principaux
:
- Mohamed Mahmoud M'Haimid, le Ministre des transports
- Zein El Abidine, le propriétaire de l'entreprise de travaux BIS TP
- Ould Moahamed Saleh, le Directeur Général et propriétaire du bureau d'études MCG
- Ould El Jeilani, le Président de la commission nationale de contrôle des marchés publics.
Résumons les faits chronologiquement :
Janvier 2021: MCG remporte le projet d'études de la route de N'Diago-KeurMacene en cassant les prix pour un montant anormalement bas de 35.500.000 MRU.
Juin 2021 : Lancement de l'appel d'offres pour les travaux de la route N'Diago-KeurMacene.
Juillet 2021 : Ouverture des offres des entreprises de travaux.
Août 2021 : Ould M'Haimid offre de gré à gré le marché de contrôle des travaux de la route à MCG avec une surfacturation incroyable. 10 fois le prix que MCG avait facturé par km lors de l'étude.
Septembre 2021 : Ould M'Haimid demande l'annulation l'appel d'offres pour les travaux de la route. Cette demande d'annulation est validée par Ould Jeilani, malgré la fin du processus d'appel d'offres.
Septembre 2021 : Ould M'haimid et Ould Jeilani octroient à BIS TP et PolyChangda la construction des deux lots de la route en faisant perdre à l'Etat mauritanien plus de 2 milliards d'ouguiyas et avec beaucoup moins de garantie sur la qualité des futurs travaux.
Nous sommes donc devant la situation suivante : Ould M'Haimid, avec la bénédiction de Ould Jeilany, représentant l'administration, donne de gré à gré la construction de la route à BIS TP et le contrôle des travaux à MCG. Et ceci en totale violation des textes.
Vous vous demandez où est ce que la bande va se sucrer ? En s'assurant que les travaux de la route vont à BIS TP et le contrôle à MCG, les quatre complices pourront jouer sur les quantités en toute impunité, car il n'y a aucun autre acteur qui interviendra. Et tout ceci avec la regard bienveillant de la commission de contrôle des marchés publics.
Pour vous schématiser comment l'argent sera détourné, supposons, à titre d'exemple, que la route devait avoir 4 couches de bitumes selon le DAO confectionné par MCG. BIS TP décide de n'en mettre que 2 et se partagera le prix des 2 couches non mises. C'est le procédé utilisé et il vous explique toutes leurs décisions et on comprend qu'ils ont préparé leur coup bien avant le lancement de l'étude.
Pour qu'ils arrivent à leurs fins, le quatuor devait avoir la garantie que :
- MCG ait l'étude (chose faite en cassant le prix).
- MCG ait le contrôle des travaux (Ould M'Haimid l'a donné à de gré MCG de gré à gré).
- BIS TP ait les travaux (Ould M'Haimid annule l'appel d'offre des travaux et le donne de gré à gré à BIS TP).
- L'accord de la Commission de contrôle des marchés publics (Obtenu avec la complicité de son Président Ould Jeilani).
Si on résume le procédé : MCG casse le prix lors de l'appel d'offre de l'étude, elle confectionne un DAO avec des quantités surestimées, BIS TP décide de ne pas respecter les exigences du DAO et la différence est partagée entre les complices.
C'est ainsi que les projets sont vidés de leur substance avec une complicité entre l'administration, l'entreprise de travaux et les bureaux d'étude et de contrôle. Ceci explique en grande partie pourquoi nous n'avons aucune infrastructure aux normes après 60 ans d'indépendance.
Il est clair qu'il n'y a pas de contrôle vu la qualité de nos routes, ils sont tous impliqué
RépondreSupprimerZéro tolérance à la gabegie