Ely Salem Ould El Veirick, nouveau ministre de l'équipement et des transports, peut être qualifié de "l'homme qu'il faut à la place qu'il faut". En effet, avec une carrière ancrée dans le domaine des transports, il semble idéalement qualifié pour redresser l'un des ministères les plus cruciaux et le plus miné par la corruption. Pourtant, la réalité s'avère tout autre.
Ely Salem Ould El Veirick |
Ould El Veirick a occupé plusieurs postes stratégiques, dont notamment la direction générale de l'ATTM pendant sept ans (2014-2021). Durant cette période, il s'est révélé être un fidèle serviteur de l'ancienne famille présidentielle, à qui il a offert l'entreprise d'État sur un plateau. Ould El Veirick avait découvert un moyen de s'enrichir, ainsi que d'enrichir cette famille, en exploitant l'entreprise qu'il dirigeait. L'ATTM, en tant qu'entreprise publique, bénéficie de facilités pour obtenir des projets de gré à gré. Ould El Veirick contraignait alors ATTM à sous-traiter ces marchés à des sociétés appartenant à l'ancienne famille présidentielle ainsi qu'à la sienne. En effet, il possède une entreprise de travaux impliquée dans l'exécution de plusieurs projets en cours, ce qui constitue un conflit d'intérêts flagrant avec ses fonctions actuelles de ministre des Transports et de l'Équipement. Au passage, la gestion d'Ould El Veirick à la tête de l'ATTM lui avait valu un séjour en prison en 2020. Quelle promotion !
L’un des projets en cours d’exécution par l’entreprise d’Ould El Veirick est un tronçon de la route Kiffa-Sélibabi, dont les travaux accusent un retard considérable. Ce retard est tel que le FADES, le bailleur de fonds du projet, envisageait sérieusement d’abandonner le projet. Cependant, tant qu’Ould El Veirick restera ministre des transports, il est peu probable que cela se produise. On peut même anticiper la signature d’un avenant ainsi qu’une prolongation des délais d’exécution, qui bénéficieront directement à son entreprise.
Le ministère de l'équipement et des transports fait partie des ministères les plus corrompus où les réseaux sont solidement ancrés depuis des décennies. La relation fusionnelle entre les fonctionnaires du ministère, les bureaux d'études et de contrôle, ainsi que les entreprises de travaux locales de travaux, a pris en otage le ministère. La conséquence est que nous avons un des réseaux routiers les plus mauvais en Afrique et chacun de nous le constate au quotidien. Comment voulez-vous que le pays se développe avec de infrastructures de communication ?
Actuellement, c'est la panique au ministère, car les pluies récentes ont causé des dégâts considérables sur une grande partie du réseau routier, déjà très fragile. Ces dommages étaient prévisibles, car ils s'inscrivent dans une stratégie de détournement des fonds publics. En effet, une grande partie de l'argent public est consacrée à la construction de routes. L'État paie pour des infrastructures répondant à des normes de qualité spécifiques, mais les entreprises chargées des travaux, en complicité avec le bureau de contrôle et sous la protection des responsables du ministère, livrent des routes bien en deçà de ces standards. Les économies réalisées, souvent des milliards, sont partagées entre les parties impliquées. Ainsi, à la première intempérie de l'année suivante, les routes se détériorent, nécessitant à nouveau des travaux de réfection, et le cycle recommence.
Qui se ressemble s'assemble ! Le ministère de l'équipement et des transports n'aurait pas pu trouver un ministre plus "cohérent" qu'Ould El Veirick.
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