Je vous parlais depuis quelques jours des manoeuvres de Ali Belhadj, le responsable technique au FADES, en complicité avec le coordinateur du projet de l’AEP de Nouadhibou Mohamed Abdallahi OULD TALEB, pour imposer leurs poulains dans les bureaux qui seront consultés pour le contrôle des travaux de l’AEP de Nouadhibou. Voici les preuves issues des rapports confidentiels d’évaluation de ce que nous avancions.
Pour vous mettre dans le contexte, il faut savoir que le budget total du projet de l’AEP de Nouadhibou est d’environ 12 milliards d’ouguiyas. Le bureau de contrôle des travaux est le patron effectif du projet. La preuve de l’importance de ce projet est que la manifestation d’intérêt a vu la participation de 25 entités représentant 52 bureaux d’études parmi les plus réputés au monde dans le domaine de l’eau.
Il est important d’avoir en tête la chronologie des événements. Il y a eu une première évaluation qui a donné une liste restreinte de 6 entités (bureaux ou groupement de bureaux). Ali Belhadj intervient ensuite et force une deuxième évaluation pour imposer ses poulains dans la liste restreinte.
1ère évaluation
Lors de la première évaluation les 6 entités retenues sont celles mentionnées dans le document suivant issu du procès-verbal de la commission d’évaluation du Ministère de l’hydraulique et de l’assainissement en date du 08/11/2021.
Liste restreinte après la 1ère évaluation |
2ème évaluation
La deuxième évaluation est faite et donnera une liste restreinte différente de la première comme le montre le document suivant issu du procès-verbal de la commission d’évaluation du Ministère de l’hydraulique et de l’assainissement en date du 03 mars 2022.
Liste restreinte après la 2ème évaluation |
On constate que 3 entités apparaissent dans la nouvelle liste restreinte :
- Groupement ESABR/TPF
- Groupement SCET Tunisie/MCG
- Groupement CIRA/SGIE
Les trois entités éliminées sont :
- AGC
- Groupement BEP Ing/BEATA plus/GIPPER
- Groupement AFRECOM/AAW/BNETD
On va être de bonne foi et penser que lors de la première évaluation, les 3 groupements ESABR/TPF, SCET Tunisie/MCG et CIRA/SGIE ont été lésés et que ce tort a été réparé lors de la deuxième évaluation, ce qui arrive parfois. Mais l’analyse des offres techniques montre des notations invraisemblables de projets fictifs ou surévalués, et frôlant le ridicule parfois. La vérification que nous allons faire est simple et n’importe quel citoyen sans prérequis techniques peut la réaliser.
1. ESABR/TPF
ESABR est un bureau d’études mauritanien et TPF est un bureau d’études espagnol.
Grille d'évaluation de ESABR/TPF |
- Le groupement a fait l’étude de l’AEP de « Legrane », commune de l’Assaba qui contient moins de 10000 habitants. La commission a validé cette étude au groupement ESABR/TPF comme si « Legrane » était une ville de la taille de Nouadhibou avec un AEP qui a coûté 12 milliards d’ouguiyas.
- AEP de N’Diago a un réservoir supérieur à 2000 m3. Que le bureau ESABR nous dise où se trouve ce réservoir à N’Diago dont ils ont présenté l’attestation de suivi des travaux ?
- AEP de Mongel a un réservoir supérieur à 2000 m3. Que le bureau ESABR nous dise où se trouve ce réservoir à Mongel dont ils ont présenté l’attestation de suivi des travaux ?
- Une station de pompage de 2000m3/h à Mongel. Que le bureau ESABR nous dise où se trouve cette station de pompage d’une telle capacité à Mongel ?
- L’évaluation a donné 1 point pour l’étude d’un projet fantôme (Ligne vide). Ridicule !! Ceci n’est pas étonnant quand on sait que le bureau ESABR avait créé de toutes pièces un bureau nigérien AUBTP, inexistant en réalité, et a soumissionné avec et gagné des marchés pendant plusieurs années, y compris au Ministère de l’hydraulique et d’assainissement. Le scandale avait éclaté et ESABR n’a pas été inquiété un sou et continue de soumissionner.
2. SCET Tunisie/MCG
MCG est un bureau d’études mauritanien et SCET Tunisie est un bureau tunisien.
Grille d'évaluation de SCET Tunisie/MCG |
- Pose de plus de 50 Km de conduites en fonte ou en béton précontraint à l'AEP de Dhar Nord. L'AEP existe mais il n'y a pas de conduites en fonte ou béton précontraint.
- AEP de Kiffa
- Pose de plus de 50 km de conduites en fonte ou en béton précontraint de diamètre supérieur à 500 mm.
- l’AEP de Kiffa et Guerrou a un réservoir de de capacité supérieur à 2000 m3.
- Une station de pompage de 2000m3/h à l’AEP de Kiffa et Guerrou.
Donc MCG a supervisé les travaux de l'AEP de Kiffa et Guerrou avec les caractéristiques citées plus haut. Que MCG nous édifie sur l'endroit où ces infrastructures sont ? Bien sûr que cet AEP n'existe pas !! Si la ville de Kiffa avait un réseau d'eau potable d'une telle taille, on pourrait faire l'économie de plus de 317 millions de dollars que l'Etat vient de mobiliser auprès des bailleurs de fonds pour son AEP.
3. CIRA/SGIE
CIRA est un bureau d’études malien et SGIE est un bureau mauritanien.
Grille de la deuxième évaluation de CIRA/SGIE |
CIRA/SGIE avait besoin qu’on lui remonte sa note technique pour qu’une fois les 3 entités initiales éliminées, il se retrouve parmi les six bureaux shortlistés. Sa note technique est passée de 40 à 60. Pour cela la commission d’évaluation, sur préconisation de Ali Belhadj, lui a validé 20 points lors de la deuxième évaluation pour le projet suivant :
- Pose de plus de 50 km de conduites en fonte ou béton précontraint de diamètre supérieur à 500 mm pour l’AEP de Kabala/Bamako en 2017.
Voici la description du projet de l’AEP de Kabala/Bamakao sur le site de la société malienne de gestion de l’eau potable, l’organe public malien dont dépend le projet en question : https://www.somagep.ml/?page_id=1728
Comme vous pouvez le lire en introduction de la description du projet, Kabala se trouve à environ 12 km de Bamako, donnée que vous pouvez vérifier vous même sur Google Map et que la commission aurait pu faire. Nous sommes donc très loin des 50 km requis pour la validation d'une telle référence. Ce coup de pouce a permis à CIRA/SGIE après élimination des 3 entités de se retrouver dans la liste restreinte.
Nous venons de voir que les dossiers techniques des trois groupements sont une honte pour la passation de marché. J’imagine que si nous vérifions les autres références, nous tomberons sur des choses aussi graves. Si un bureau ose falsifier des références en Mauritanie, on n’imagine pas ce qu'il est capable de faire avec des projets qui sont dans un pays étranger.
Vous venez de comprendre le mode opératoire des bureaux, ESABR, MCG et CIRA et leurs complices au sein de l'administration et chez les bailleurs de fonds. Ce qui explique pourquoi ces bureaux s'accaparent tous les projets au Ministère de l'hydraulique et de l'assainissement, et sûrement dans d'autres départements, depuis une dizaine d'années. Ces bureaux faussaires et leurs complices au sein de l'administration et chez le FADES, doivent rendre des comptes devant la justice car nous sommes face à des cas de « faux et usage de faux » dont les préjudices ne sont pas mesurables à tous les niveaux.
Je suis ancien du ministère de l'hydraulique et je confirme que SABR, MCG et SGIE font beaucoup de corruption.
RépondreSupprimerMadame, tu fais un travail remarquable et l'Etat Mauritanien doit impérativement te suivre dans ta démarche de lutte contre la corruption dans le pays.
RépondreSupprimerTu es entrain de déshabiller les fraudeurs, falsificateurs et corrompus, vraiment, merci à toi!
Je viens d'apprendre pour la première fois de ma vie, à travers ces évaluations, que les prestations de contrôle des travaux peuvent précéder celles des études techniques, comme dans le cas du bureau MCG qui a assuré le contrôle des travaux de l'AEP de Kiffa en 2014 alors que les études techniques de cet AEP, n'ont été réalisées que 6 ans après par CIRA (en 2020).
Cette commission doit être totalement dissoute et ses membres rayés de la fonction publique et envoyés en prison pour complicité et trahison de la fonction.
Le même sort doit être réservé aussi à la commission nationale de contrôle des marchés publics et ses membres qui ont approuvé cette mascarade.
Quant aux bureaux ESABR, MCG et CIRA, suspendus et/ou interdits désormais de participer aux marchés publics dans le pays, et leur complice du FADES (Ali Belhadj) une décision ferme d'interdiction d'entrer au pays et/ou d'implication dans les affaires du pays, doit être immédiatement prise à son égard.
A bon entendeur salut.