ESABR : Le parrain

Nous entamons une série d'articles sur les bureaux d'études mauritaniens qui portent une responsabilité historique dans l'état désastreux de nos infrastructures (routes, réseaux d'eau, aménagements hydroagricoles, électricité, bâtiments...). Pourquoi les bureaux d'études et pas les entreprises de travaux qui sont chargées de l'exécution des travaux ? Les bureaux font la conception du projet et sont responsables de la validation des travaux. Ainsi, ils peuvent décider des qualités et des quantités de matériaux effectivement mises dans le projet, ce qui leur laisse une grande latitude pour détourner les budgets des projets. Au fil des années, les bureaux d'études sont devenus les principaux outils pour piller l'argent public, tout en étant une couverture pour leurs complices au sein de l'administration. La conséquence est visible : des infrastructures dans un état lamentable, des fonctionnaires riches, des responsables de bureaux d'études encore plus riches, des ressources dilapidées en toute impunité et une Mauritanie surendettée. 

Le bureau ESABR a été fondé dans la deuxième moitié des années 90 par Mounir Ould Ahmed El Hadi en actionnariat officieux avec Mohamed Mahmoud Ould Bouasriya au temps où ce dernier était cadre de la défunte AMEXTIPE. Ould Bouasriya avait profité de sa position pour donner à ESABR la majorité des études et contrôles des projets de l'AMEXTIPE malgré le fait qu'il était un bureau naissant sans expérience.

Ensuite, Ould Bouasriya se retrouvant à la tête du projet Education 2, on y retrouvera évidemment ESABR. Ce qui a eu pour conséquence des projets à l'exécution catastrophique car conçus et contrôlés par ESABR.

A partir de là, ESABR s'est imposé comme le bureau par excellence de l'administration mauritanienne pour détourner l'argent des projets. Mounir Ould Ahmed EL Hady a ainsi bâti une architecture de corruption des plus élaborés et des plus étendues. Il a développé en totale complicité avec certaines administrations mauritaniennes des méthodes subtiles et ingénieuses dans le détournement de l'argent public.


On retrouvera ainsi ESABR chez la SNDE au projet Aftout Essahli avec le chevalier de la soif Ebba Vall OULD Mahfoudh. ESABR y a gagné presque la totalité des prestations d'adduction d'eau à Nouakchott. Et Il continue à gagner des marchés, comme le prouve l'attribution du contrôle du lot 14 pour la réhabilitation et le renforcement de l'AEP de Nouakchott (marché de 405 660 dollars) attribué en décembre 2022. La conséquence est que toute la ville de Nouakchott est assoiffée malgré des centaines de milliards investis.

 

Nous retrouvons ESABR chez le défunt commissariat de lutte contre la pauvreté.  Cette institution a attribué avec son réseau administratif la plupart des prestations intellectuelles au bureau ESABR, sans aucune forme de concurrence. Ce qui a causé l’échec cuisant de son programme et entraîné sa disparition comme la défunte AMEXTIPE.

ESABR a grandement participé à la disparition de l’agence à l’Accès Universel aux Services. Cette agence avait eu droit à son lot d’études bidonnées et de contrôles malveillants, pour qu'au final, Mounir Ould Ahmed El Hadi et le dernier Directeur de l'agence Ould Maadh, demandent à Ould Diaye, Ministre des Finances et de l’Economie de l’époque, de faire disparaître cette agence et ainsi éliminer toute possibilité d’une enquête ou d’éventuelles poursuites. Sans oublier, l’agence TADAMOUN, où ce bureau a sévi avec les mêmes procédés. Ce qui avait anhilé l’impact de ce programme sur les populations. 

 

Au niveau de la Direction d’Aménagement Rural, nous retrouvons le même bureau ESABR avec la complicité de l’ex Directeur Général de la DAR, M. Mohamed Mahmoud,  et son adjoint M. Allal, propriétaire du Bureau d’études BCC. Ces derniers avaient attribué la plupart des aménagements comme de nombreux barrages qui n’ont pas résisté aux premières averses du début de la saison des pluies.

 

On retrouvera ensuite ESABR chez TAAZOUR où il gagnait systématiquement tous les marchés. Ce n'est pas étonnant vu que Ould Bouasriya était le coordinateur de Taazour. Au passage, ces attributions se sont faites rares depuis que Ould Bouasriya n'est plus coordinateur de Taazour.


Le plus grave est que ESABR avait créé un bureau fictif originaire du Niger dénommé AUBTP. Avec ce bureau, ESABR a, pendant des années, soumissionné en groupement à des marchés chez différentes institutions publiques mauritaniennes et gagné des projets. Ceci a continué jusqu'à l'éclatement du scandale par un ingénieur nigérien dénommé Yacouba ABDOU dont ESABR avait usurpé l'identité et les coordonnées en le présentant comme Directeur du bureau AUBTP. M. Yacouba ABDOU a écrit alors pour dénoncer AUBTP et a même vérifié auprès de la chambre de commerce de Niamey l'inexistence du bureau AUBTP. Vous pouvez écrire à M. ABDOU à son adresse mail : yacoubahaoulan@gmail.comIl pourra vous transmettre toutes les preuves sur la très grave affaire AUBTP. Cette affaira avait défrayé la chronique dans tous les médias de la sous-région.


Par enchantement, après la révélation du scandale AUBTP par M. ABDOU, AUBTP n'a plus jamais soumissionné en Mauritanie. 


Le nouvel coordinateur de Taazour, Mohamed Aly Ould Sidi Mohamed, en prenant ses fonctions s'était étonné lors d'une réunion avec des dizaines d'entreprises travaillent avec Taazour  que les projets n'ont pas avancé après 2 ans. La raison était simple : ESABR avait l'exclusivité des prestations (études, contrôles, assistance technique) de tous les projets de Taazour. Avec ESABR, on ne peut pas s'attendre à des résultats tangibles.

 

Malgré que le pouvoir politique, la justice, l'autorité de régulation des marchés publics, la commission de contrôle des marchés publics et les commissions de passation de marchés sectorielles sont tous au courant des agissements du bureau ESABR, ce dernier n'a jamais été inquiété et continue de gagner des marchés publics partout. En plus des conséquences désastreuses sur nos infrastructures, cette impunité sape considérablement la crédibilité de nos institutions.
 


Mounir Ould Ahmed El Hadi avec Ould Diaye


Au lieu qu'il soit interdit d'exercice et devant la justice, Mounir Ould Ahmed El Hadi est actuellement en campagne pour devenir député de Maghta lehjar à travers le parti Insaf. Le parti au pouvoir ayant écho de sa réputation sulfureuse hésite fortement à l'investir. Mounir Ould Ahmed El Hadi se serait orienté vers un parti de la majorité présidentielle pour acheter sa tête de liste nationale à coups de dizaines de millions. C'est la seule manière pour lui d'avoir une immunité parlementaire au cas où le pouvoir politique décide un jour de le poursuivre.


Commentaires

  1. La vérité commence à sortir sur ESABR. Tout le monde sait ce qu'il fait mais personne n'ose en parler. Merci beaucoup pour le travail que vous faites, il est d'utilité publique.

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  2. Le portrait que vous faites du personnage ne correspond pas a Mounir que moi je connais.
    ESABR a gagné la plus part de ses marchés grâce a ses nombreuses références en tant que pionnier des cabinets d 'ingénieurs conseils( encore actifs).

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    1. Comme vous le connaissez bien, dites lui de publier les documents administratifs du bureau AUBTP avec lequel il a soumissionné pendant des années. Evidemment qu'il ne peut pas car ce bureau n'existe pas.

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  3. c'est à cause de ce genre d'affaires que je me suis éloigné du BTP ou j'ai effectuer une partie de ma carrière pour m'orienter vers d'autres activités. il y a beaucoup à dire mais il y a qui pour agir ? Nous aimons ce pays, nous voulons qu'il soit juste et égalitaire mais hélas.

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