Le projet de l'AEP de Kiffa aiguise tous les appétits décidément. Après la guerre que c'était livré les chevaliers de la soif pour en prendre la Direction, un nouvel épisode risque de compromettre sérieusement la bonne réalisation du projet.
D'une importance majeure dans l'histoire de la Mauritanie, le projet de l'AEP de Kiffa à partir du fleuve Sénégal est le deuxième plus grand projet hydraulique après celui d'Aftout Essahli. Son budget s'élève à 325 millions de dollars, expliquant ainsi l'attention particulière qu'il suscite.
Initié par le chevalier de la soif Ahmed Zeidane quand il était à la tête de la Direction de l'hydrologie et des barrages sous la tutelle du ministre Sid'Ahmed Ould Mohamed, la finalité du projet pour Ahmed Zeidane était l'enrichissement et non le projet en lui même. Il avait bricolé une étude avec ses bureaux d'études favoris, cherchait un financement du projet auprès des bailleurs, de préférence arabes en raison de leurs souplesses sur les procédures, et répéter le schéma d'exécution du projet d'Aftout El Chergui, connu pour ses infrastructures précaires, des populations assoiffées et des responsables enrichis. L'étude, négligeant même la possibilité théorique d'étendre le projet jusqu'à la ville de Tijikja qui souffre du manque d'eau, révèle la hâte de Zeidane à lancer le projet car la finalité était autre. Dieu merci Ahmed Zeidane a été écarté du projet mais les interventions de toute part pour dévier le projet de son processus normal font rage encore.
La conception du projet avait été donnée aux bureaux CIRA/SGIE. Ce duo de bureaux d'études a été payé deux fois pour faire l'étude sans résultât notable, au point où le Ministère envisage même de refaire l'étude du projet. Un exemple parmi d'autres qui reflète malheureusement comment l'argent public est dilapidé.
Le projet est finalement financé par plusieurs bailleurs de fonds y compris le Fonds saoudien. Ce dernier a hérité, entre autres, du financement de la mission de contrôle des travaux. Le processus de sélection de cette dernière est dans son étape finale.
Il est étonnant que le fonds saoudien ait réussi à imposer toutes ses conditions sans que l'administration mauritanienne ait eu son mot à dire. Et ceci malgré le fait que tout le financement du projet soit un prêt. Le fonds saoudien a imposé que le bureau de contrôle soit de nationalité saoudienne exclusivement. Alors que le contrôle se fera en Mauritanie par des techniciens et experts mauritaniens. Aucun bureau mauritanien n'avait le droit de concourir pour le contrôle des travaux de l'AEP de Kiffa et ceci est passé comme une lettre à la poste auprès de l'administration mauritanienne.
Les bureaux saoudiens ne sont pas connus pour leur expertise en matière de projets hydrauliques complexes, ce qui est le cas du projet de l'AEP de Kiffa. En plus, ils ne sont pas connus pour s'exporter en dehors de l'Arabie-Saoudite. Donc, en choisissant de réserver le contrôle aux bureaux saoudiens, le fonds saoudien et l'administration mauritanienne complice par son silence, ne privilégient surtout pas l'expertise et la technicité.
Selon nos informations, sur la dizaine de bureaux qui ont participé à l'évaluation, aucun n'a obtenu le seuil de qualification minimal. Ce qui était prévisible, vu leur manque d'expérience dans ce type de projets AEP complexes.
Du coup la commission d'évaluation, sous pressions de lobbys, commence à réfléchir à vouloir repêcher des bureaux afin de "sauver le projet". En faisant cela, la commission est en train de compromettre sérieusement la bonne exécution du projet.
Ces tentatives de repêchage sont faites sous la pression de lobbys qui sévissent depuis des lustres dans le secteur et qui est fortement connecté avec les bailleurs de fonds qui les utilisent pour les rétro-commissions. Ces lobbys s’appuient localement sur des proches du Président et du revenant Ould Diaye. Parmi les plus influents, Hademine Gazhouani, neveu et beau-fils du président, est un coutumier du fait. On se rappelle que c’était lui qui avait imposé le marché gré à gré pour le contrôle d'Aftout Chergui pour le compte de CIRA/SGIE contre la volonté du ministre de l’hydraulique de l’époque Sid'Ahmed Ould Mohamed. On se rappelle aussi que Ould Diaye, entre autres, avait oeuvré pour la liquidation de l'agence de l'Accès Universel afin d'enterrer définitivement toutes les affaires qui compromettent ses poulains.
Comme la commission d’évaluation a commencé à repêcher, le critère d’expertise technique perd tout son sens, ouvrant la porte à toutes les dérives. Chacun fera ce qui lui semble bon suivant la force de son intervention. La mission de contrôle d'un projet est d'une importance capitale. La choisir sur des critères autres que l'expérience et l'expertise c'est signer la mort du projet.
Ould Diaye et Hademine Ould Ghazouani |
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