La Mauritanie a soif ! Et ceci malgré des investissements colossaux qui se comptent en centaines de milliards d'ouguiyas. Il y a parfois des ministres ou secrétaires généraux qui sont corrompus et qui profitent de leurs positions pour s'enrichir. Mais ceux-là ne restent pas longtemps en poste, surtout au ministère de l'hydraulique où le taux de rotation est élevé. Le problème majeur réside dans des hauts responsables, méconnus du grand public et qui restent en place pendant des décennies. Ces hauts fonctionnaires opèrent dans l'ombre, ce qui leur permet de mener leurs activités sans être inquiétés. Leur longévité leur confère un contrôle considérable sur tous les projets d'eau. Ils sont très bien organisés avec des méthodes évoluées de prédation se basant sur leurs bureaux d'études et leurs entreprises de travaux complices. Ce sont les chevaliers de la soif. Si les mauritaniens veulent avoir des réseaux d'eau et un accès régulier à l'eau potable, ils doivent être neutralisés ainsi que leurs réseaux d'entreprises complices.
Aujourd'hui nous allons traiter du cas d'Oumar Kane, un excellent expert, dont malheureusement les compétences n'ont été utilisées que dans la mise en place de combines de toute sortes pour détourner l'argent public.
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| Oumar KANE |
Actuellement il est le coordinateur du projet Aftout Essahli. Il avait succédé à un autre chevalier de la soif Ebba Vall à la tête du projet qui alimente la ville de Nouakchott en eau potable. Oumar Kane est resté une dizaine d'années adjoint de Ebba Vall au projet Aftout Essahli. Ce dernier l'avait pris sous son aile pour le former et lui enseigner le metier. C'est une très bonne école !
Cet expert est depuis une décennie une des principales causes des maux de la SNDE. Il cumule le trafic d'influence, la corruption et les conflits d'intérêts. Il est aussi présent partout, à la commission d'évaluation mais aussi aux achats. Donc son influence est grande au sein de l'entreprise. En plus, son expertise dans le domaine hydraulique lui vaut d'être considéré comme une référence technique. Ce qu'il ne manque pas d'utiliser à des fins néfastes.
Il a toujours été la tête pensante des responsables de la SNDE qui voulaient détourner l'argent en toute transparence. Il s'occupait de recruter les entreprises et les utilisait comme outils pour justifier les dépenses. A tel point qu'il a été surnommé le cerveau, pour sa capacité à être inventif dans le détournement de fonds. Il est le spécialiste des opérations d'urgence pour surdimensionner les travaux et ainsi les sur-facturer. Ce qui permet de sortir l'argent parfaitement justifié aux yeux des organismes de contrôle.
Il est à la fois à la SNDE et au projet Aftout. Il est un facilitateur de génie pour tout responsable qui voudrait sortir de l'argent facile. Un responsable veut sortir 10 millions ? Oumar Kane a la solution. Il veut 100 millions ? Kane a aussi la solution. Pour n'importe quel montant, Kane a toujours la solution. L'ancien DG de la SNDE, Mohamed Lemine Ould El Benya, s'était justement appuyé sur lui pour piller l'entreprise. Ould El Benya paie encore l'IGE pour les centaines de millions qu'il avait détournés.
Une méthode classique qu'il utilise afin de favoriser ces entreprises est d'orienter les dossiers d'appels d'offres de sorte qu'il n'y ait que ses entreprises partenaires qui répondent de manière précise à ce qui est demandé. Parfois, nombre d'entreprises sincères jettent l'éponge à cause de cela. On lui prête aussi le fait qu'il réalise lui même les offres de ses champions, étant donné qu'il avait déjà orienté les dossiers d'appels d'offres.
C'est un grand complice du bureau ESABR. Nous avons volontairement omis de le mentionner dans les hommes du parrain car il méritait d'avoir son propre article. ESABR lui sert souvent de couverture pour gagner des prestations. Kane les exécute pour son interêt personnel et ESABR s'occupe de la partie administrative et financière. De plus, la grande majorité des études dans le domaine de l'eau qu'ESABR a réalisées ont été réalisées par Oumar Kane. Il cumule donc deux fonctions contradictoires, à savoir le représentant du maître d'ouvrage et ingénieur chez ESABR. Ainsi, il réalise les études en tant qu'expert ESABR et les valide en tant que responsable technique du projet. On n'est jamais servi que par soit même !
D'autre part, il est l'homme du bureau d'études tunisien STUDI, qui a fait des dégâts inqualifiables lors du suivi des travaux de la première partie du projet Aftout. Il les assiste dans tous leurs projets en Mauritanie. Au passage STUDI est un des bureaux qui ont fait le plus de dégâts pour les infrastructures mauritaniennes. Nous aurons l'occasion d'y revenir dans notre série sur les bureaux d'études.
En guise de conclusion, il est dommage qu'un aussi brillant ingénieur se soit fourvoyer dans des chemins sinueux, alors qu'avec un minimum l'honnêteté, il aurait pu devenir un des experts les plus utiles pour l'entreprise publique et donc pour les populations mauritaniennes qui souffrent du non accès à l'eau potable.
Lire les précédents chevaliers de la soif :
Vous avez le soutien de tout le peuple mauritanien chère madame.
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